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Je vous en avais parlé dans un précédent article. Le dilemme de la suite. Rejoindre le Kazakhstan. Comment ? Aujourd’hui, ce n’est plus possible par voie terrestre. En tout cas pas pour moi, en tant que Française, seule, qui fait des entretiens environnementaux, et avec des proches inquiets à qui j’ai promis de rester prudente.
J’aurais pu m’arrêter là. Rentrer vers la France après la Géorgie. Mais je m’en serais voulue toute ma vie. Ce voyage, c’est mon voyage avant tout. J’en ai fait un engagement environnemental qui me tient énormément à cœur. Mais ça reste mon voyage. Et aujourd’hui, je décide de faire une entorse. Je n'en suis pas fière, ça ne me rend pas heureuse. Je suis même carrément dégoûtée. Mais je m’en voudrais aussi toute ma vie s’il m’arrive quelque chose en Russie.
J’ai promis que je resterais prudente. Alors je reste prudente.
Qu'est-ce qui a changé entre le moment où j'ai quitté la maison et maintenant pour que je ne puisse plus traverser la Russie ? L'allocution de Macron après laquelle le gouvernement a interdit aux ressortissants Français de se rendre en Russie. Alors même si oui, c'est toujours faisable car la France ne partage pas de frontière avec la Russie et ne peut donc pas légalement interdire aux Français de s'y rendre, et même si oui beaucoup de voyageurs continuent à le faire, moi je renonce. Je n'en suis pas fière, mais je renonce. Je choisis la sécurité.
Depuis le début de ce voyage, je me fie à une seule source d'information en ce qui concerne les géopolitiques : ma cousine d'amour. Ma cousine Marie dont je suis très proche, même si ce n'est pas le sujet, et qui fait sa thèse sur les conflits internationaux. J'ai partagé avec elle, et (presque) uniquement avec elle seule mes (nombreux) changements d'avis sur la traversée de la Russie. « Je vais le faire. Je ne vais pas le faire. En fait, je vais le faire. Mais non, tu as raison, il ne faut vraiment pas que je le fasse. Marie, je vais quand même le faire. » Puis elle m'a envoyé ce message, qui a été un électrochoc pour moi. Alors, après qu'elle m'ait donné son accord, je voudrais le partager avec vous pour mieux illustrer la situation :
« Il y avait surement des dizaines d’Européens qui avaient fait des raves au sud d’Israël avant ceux qui se sont retrouvés tués ou en otage le 7 octobre. C’est toujours comme ça : dans une situation de risque la catastrophe n’arrive qu’à une poignée de personnes, mais quand tu en fais partie ça change ta vie et celle de tes proches. Y a quelques jours j’entendais sur Le Quotidien un français qui faisait le tour du monde et qui a passé deux ans en taule en Iran. Lui aussi il a du se dire que pleins de backpackers étaient passés par là, mais c’est tombé sur lui. Pour la Russie aujourd’hui c’est pareil.
Après Emzi, la décision n’appartient qu’à toi. C’est à toi de savoir si tu es prête à prendre le risque et si ton projet en vaut la peine. Moi pour ma thèse, j’aurais vraiment enrichi mon étude si j’étais allé en Russie et en Iran comme je suis allée à Tel Aviv, Tbilissi et Ramallah. Mais j’ai fait le choix, en mon âme et conscience, que le risque était trop grand pour une meilleure thèse. J’ai estimé que ça ne valait pas le coup de prendre de tels risques et que je me pardonnerais jamais vis a vis de mes proches s’il se passait quelque chose. Mais il n’y a que toi qui peut faire ce calcul pour toi et ton projet.
Juste dans ton calcul essaye de prendre en compte ce que disent les professionnels (diplomate à qui j’avais demandé, le quai d’Orsay, etc) et pas seulement l’avis de voyageurs qui ont eu de la chance. Ne te dis pas que parce que eux traversent c’est sans risque. Tu as entièrement le droit de décider que tu fais le choix de prendre le risque, mais ne te convainc pas qu’il n’y a pas de risque parce que c’est pas vrai.
Je suis désolée d’être un peur dure dans les mots. Je sais que la situation est impossible. Ça vaut ce que ça vaut mais moi j’ai beaucoup pleuré quand j’ai compris qu’il fallait que je renonce à l’Iran et la Russie…
Je t’aime fort 🩷 »
Alors voilà, ça secoue, mais ma Marie, elle a raison, et je lui suis éternellement reconnaissante de m'avoir raisonnée (Mon Papa et ma Maman aussi, sans aucun doute).